Midi-Pyrénées Roquefort : le prix du lait fait le grand écart
Pour la première fois, chaque entreprise fabriquant du roquefort a fixé son propre prix du lait payé aux éleveurs avec lesquels elle travaille
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
La réforme laitière exige désormais que le prix du lait de brebis pour la fabrication du roquefort soit fixé par négociation entre chaque association d’éleveurs (1) et l’industriel auquel le lait est livré. Et c’est Société, filiale du groupe Lactalis, qui collecte 60 % du lait du rayon de production et fabrique la moitié des tonnages de roquefort, qui paye ses producteurs au prix le plus bas. Les volumes correspondant à leurs anciens quotas, les éleveurs sont rémunérés 927 € pour 1 000 litres. Ils peuvent produire 10 % de plus, pour lesquels ils ne seront alors payés que 735 €/1 000 l.
927 € à 1 000 €/1 000 litres
« Nous aurions aimé toucher davantage, reconnaît Stéphan Médard, éleveur à Alcapiès, dans l’Aveyron, et président de l’une des trois associations qui travaillent avec Société. Mais cela s’explique, car Société a toujours assuré la fabrication des produits de diversification moins bien valorisés que le roquefort. Cela donnait lieu, auparavant, à un mécanisme de péréquation entre tous les fabricants, qui se répartissaient ces coûts. Société les assume désormais seule. »
Les autres fabricants, restés spécialisés dans le roquefort, payent leurs éleveurs 950 à 1 000 €/1 000 litres, contre 945 €/1 000 litres en moyenne, en 2015, avant la réforme. Certains ont déjà garanti ce prix pour l’année prochaine, ce qui permet aux éleveurs d’avoir une visibilité. « Le problème, c’est que cela ne concerne que très peu de gens, car 1 100 des 1 800 éleveurs de la filière travaillent avec Société, souligne Nino Fillos, éleveur bio à Saint-Izaire (Aveyron), administrateur de la future OP liée aux fromagers Carles, Vernières et Papillon. Notre crainte serait que la tendance à la baisse chez Société tire tout le monde vers le bas. »
Les éleveurs ont proposé de créer un fonds, par prélèvement sur les volumes de lait cru destinés au roquefort, qui aurait permis de rééquilibrer les prix entre éleveurs. Mais lors de la dernière réunion interprofessionnelle, un des industriels a voté contre la proposition, qui a donc été refusée.
(1) Future organisation de producteurs, OP.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :